Bastiat, conception négative et conception positive de la loi
La Loi est un livre écrit il y a plus de 150 ans qui analyse ce qui se passe dans une société quand la loi devient un instrument entre les mains de ceux qui sont au pouvoir, plutôt qu’un outil pour protéger les droits et les libertés des individus. Le résultat de ce que Bastiat appelle « la spoliation légale » généralisée est chaos moral et politique, précisément parce que le droit et la morale ont été pervertis.
Pour Bastiat, la loi doit avoir un contenu négatif. Elle ne doit pas organiser la société, l’éducation, le travail ou la famille. Elle a pour fonction d’empêcher l’injustice. Tant que l’on admettra que la loi peut être détournée de son véritable but pour violer la propriété au lieu de la protéger, alors tout le monde voudra participer à ce détournement de la loi, tant pour se protéger de la spoliation que pour en profiter.
Pour bien le comprendre, voici une vidéo de Academy of Ideas, traduite par l’Institut Coppet : Lire la Suite →
La théorie libérale de la lutte des classes
La vraie inégalité sociale en France n’est pas entre les riches et les pauvres ou entre les hommes et les femmes, mais entre la classe politique, issue de la fonction publique, et les autres.
Par Damien Theillier
Tout le monde connaît aujourd’hui la théorie marxiste de l’exploitation et de la lutte des classes. Mais on a oublié qu’elle fut d’abord développée par des libéraux tels que Jean-Baptiste Say, Benjamin Constant et leurs disciples, dans un sens tout à fait différent et d’une grande actualité pour nous aujourd’hui.
Marx lui-même écrivait :
« En ce qui me concerne, ce n’est pas à moi que revient le mérite d’avoir découvert ni l’existence des classes dans la société moderne, ni leur lutte entre elles. Longtemps avant moi des historiens bourgeois avaient décrit le développement historique de cette lutte des classes et des économistes bourgeois en avaient exprimé l’anatomie économique. Ce que je fis de nouveau, ce fut : 1. de démontrer que l’existence des classes n’est liée qu’à des phases de développement historique déterminé de la production ; 2. que la lutte des classes conduit nécessairement à la dictature du prolétariat ; 3. que cette dictature elle-même ne constitue que la transition à l’abolition de toutes les classes, et à une société sans classes »[1]. Lire la Suite →
Test politique : existe-t-il un autre choix que la droite ou la gauche ?
Depuis le XIXe siècle, le positionnement politique se divise en deux groupes : la droite et la gauche, avec des variations plus au moins radicales aux deux extrêmes. Une grille de lecture aussi simpliste n’est pas capable de rendre compte correctement de la diversité des débats et des positionnements idéologiques. Le problème principal de l’axe gauche-droite est qu’il ne laisse aucune place à la pensée libérale, celle-ci ne pouvant être rangée ni avec l’égalitarisme de la gauche, ni avec le nationalisme de la droite.
David Nolan, expert en sciences politiques, ancien élève du Massachussetts Institute of Technology (MIT) a eu l’idée de créer un diagramme (voir ci-dessus) qui ajoute à l’axe gauche-droite un deuxième axe liberté-contrainte qui va de l’étatisme (point zéro) au « libertarianisme », dont nous parlerons plus bas. Lire la Suite →
Résumé d’un dialogue entre Bastiat et Proudhon sur le crédit
Proudhon : Quel monde injuste ! Les riches, qui peuvent payer comptant, achètent à crédit et les pauvres, qui n’ont pas un sou, doivent payer comptant. L’inverse serait plus juste. Les pauvres devraient avoir le droit d’acheter à crédit et les riches devraient payer comptant.
Bastiat : Mais les propriétaires de magasin qui font crédit aux pauvres ne tarderaient pas à devenir pauvres à leur tour.
Proudhon : Tant mieux ! Ils pourraient aussi acheter à crédit !
Présentation powerpoint sur La loi de Bastiat
Voici un excellent diaporama présenté lors d’un exposé en ECJS (éducation civique, juridique et sociale) par deux de mes élèves de terminale :
Les lumières landaises. Bulletin du Cercle Frédéric Bastiat
Synthèse des conférences au 5e week-end de la liberté à Dax, en l’honneur de Frédéric Bastiat, député des Landes et lumière pour notre temps.
http://www.bastiat.net/IMG/pdf/lumiereslandaises_88_2_final.pdf
Les harmonies naturelles du monde social selon Frédéric Bastiat
Les intérêts humains, laissés à eux-mêmes, sont-ils harmoniques ou antagoniques ? Telle est la grande question qui sous-tend l’analyse des sociétés.
« La politique est l’art de ce qui se voit et l’économie, la science de ce qui ne se voit pas »
Students For Liberty Paris organise avec Alain Madelin un cycle de conférences à la découverte de l’économie. La deuxième conférence d’Alain Madelin, donnée le 4 décembre 2012 et intitulée Ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas, était consacrée à Frédéric Bastiat.
La prochaine conférence se déroulera le lundi 7 janvier à 18h30. Pour en savoir plus voir ici.
Frédéric Bastiat sur Coppet
Synthèse de la conférence par Danielle :
Frédéric Bastiat (1801-1850)
La leçon d’économie de Bastiat
L’édito du Point par François Lenglet il y a un mois :
L’économiste le plus maltraité par les Français est un Français et, s’il n’avait pas eu l’esprit de disparaître en 1850, il eût été malheureux en cette rentrée 2012. Frédéric Bastiat, dans l’un de ses pamphlets les plus éclairants, s’est attaqué aux idées reçues avec une thèse simple, qui a traversé un siècle et demi sans une piqûre de rouille : en économie, il y a ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. Tel acte, telle décision a des conséquences visibles, et d’autres qui, pour être invisibles, n’en sont pas moins bien plus profondes et durables. Or, explique Bastiat,« il arrive presque toujours que, lorsque la conséquence immédiate est favorable, les conséquences ultérieures sont funestes, et vice versa. D’où il suit que le mauvais économiste poursuit un petit bien actuel qui sera suivi d’un grand mal à venir, tandis que le vrai économiste poursuit un grand bien à venir, au risque d’un petit mal actuel »(1).
Créer des emplois publics pour les jeunes ? Là encore, le bénéfice immédiat est réel, pour occuper les armées qui s’épuisent à l’entrée du marché du travail à force de chômage et de stages. Mais, parallèlement, le gouvernement veut supprimer les allégements de charges sociales dans le secteur privé. Pour trouver de l’argent, on va donc augmenter le coût du travail, au risque de détruire des emplois. Ce qui se voit : quelques dizaines de milliers d’emplois créés dans le public. Ce qui ne se voit pas : quelques dizaines de milliers d’emplois supprimés dans le privé, au fil des prochains trimestres. »Vous comparez la nation à une terre desséchée et l’impôt à une pluie féconde ,écrivait Bastiat. Soit. Mais vous devriez vous demander aussi où sont les sources de cette pluie, et si ce n’est pas précisément l’impôt qui pompe l’humidité du sol. » Voilà une adresse fort contemporaine.
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Voilà une quinzaine d’années que gauche et droite se succèdent et ignorent délibérément ce qui ne se voit pas : la lente détérioration de la compétitivité française, dissimulée par l’union monétaire européenne, qui nous a protégés des crises de change – l’euro a été utilisé par la France comme un chiffon pour assourdir le signal d’alarme – et lui a permis de continuer à financer des dépenses supérieures aux recettes. C’est cette chute de compétitivité qui est la cause première des maux français : le chômage et le déficit. Pendant les Trente Glorieuses, nous avions réglé ce problème grâce à la dévaluation et à l’inflation. A partir du milieu des années 80, nous nous sommes interdit de dévaluer, et nous avons trouvé un nouvel expédient, l’endettement, qui nous a permis de tenir un quart de siècle de plus, au prix de déséquilibres budgétaires croissants. C’était bien, mais c’est fini. Après avoir épuisé tous les recours disponibles, nous voici revenus à l’impératif fondamental : il faut rétablir la compétitivité de la production française, sans dévaluer et sans s’endetter davantage. Faute de quoi ce qui ne se voit pas finira par nous aveugler.
Bastiat dans le hors-série de Capital
Dans ce numéro hors-série de mai-juin, Capital dresse un panorama de la pensée économique depuis trois siècles à travers cinq thématiques et consacre un article fort bien fait à Bastiat :
- les hérauts du libéralisme (Adam Smith, Friedrich Hayek, Milton Friedman…);
- les pourfendeurs des inégalités (Marx, James Tobin, Amartya Sen…) ;
- les penseurs de la mondialisation (Frédéric Bastiat, JS Mill, Joseph Stiglitz…);
- les observateurs de la société (Gunnar Myrdal, Alfred Sauvy, John Kenneth Galbraith…);
- les inclassables (John Maynard Keynes, Joseph Schumpeter, Nikolaï Kondratiev…).
Comment voter pour Frédéric Bastiat dimanche ?
A lire pour ceux qui s’interrogent, qui sont indécis :
Comment voter pour Frédéric Bastiat dimanche ? | Contrepoints
Et un clip de campagne qui fait fureur (déjà 20 000 vues) :
Rousseau vs Hobbes : le faux duel de la présidentielle
Pourtant il y a quelque chose qui cloche dans tout cela. Un fait qui échappe complètement à l’analyse de Philosophie Magazine et qui mérite une attention toute particulière. Loin d’être l’affrontement de deux visions opposées de la politique, l’opposition entre Hobbes et Rousseau propose en fait deux versions peu différentes d’un même dogme : celui de l’étatisme ou de l’État comme fin et non comme moyen. L’un défend la souveraineté absolue du Prince, l’autre la souveraineté absolue de la volonté générale, c’est-à-dire du législateur. On ne trouvera ni chez Hobbes, ni chez Rousseau, une philosophie du gouvernement limité, ni même une philosophie de la protection des droits individuels, en particulier du droit de propriété. La vision de Hegel au XIXe siècle, s’inscrira d’ailleurs dans l’héritage classique de Hobbes et de Rousseau en ce sens qu’il maintiendra la suprématie quasi divine de l’État et du politique sur la sphère « inférieure » de la vie économique et sociale.
Le fait que la souveraineté réside dans une volonté ou bien qu’elle réside dans le peuple ne fait pas une grande différence si cette souveraineté n’est pas d’abord limitée, faisait déjà remarquer Benjamin Constant après la Révolution française. « Prions l’autorité de rester dans ses limites, nous nous chargeons de notre bonheur », écrivait-il. Et il ajoutait : « la souveraineté n’existe que de manière limitée et relative ».
Résultat : la « droiche » ! Ce mouvement historique correspond en fait à l’avènement de ce qu’on appelle la social-démocratie : État-providence, justice sociale, prélèvements obligatoires, assistanat, multiculturalisme… c’est le prix de la paix sociale. Au programme donc : immobilisme et statu quo. Surtout ne changeons rien au système. Et la différence entre droite et gauche n’est en fait qu’une affaire de dosage, de nuances, car les deux principaux partis sont des clones (voir mon article : Peut-on sortir du statu quo des grands partis politiques ?).
Malheureusement, ce libéralisme-là n’existe plus dans le paysage politique français, comme il existe encore aux États-Unis avec Ron Paul. Au XIXe siècle, il était porté en France dans le débat intellectuel et politique par Say, Constant et Bastiat, notamment. Mais les Français ont la mémoire courte et il faut leur rappeler que le libéralisme n’est pas une spécificité anglo-saxonne et qu’il existe bien en France une tradition libérale qui remonte à Turgot et à Quesnay (Voir le travail de l’Institut Coppet pour promouvoir l’école libérale française).
Un François Bayrou peut-il aujourd’hui incarner ce courant, comme l’affirme Philosophie Magazine qui le classe comme un digne représentant de la philosophie de Locke ? Il est permis d’en douter, vu son approbation à toutes les mesures collectivistes votées depuis vingt ans. On est bien loin d’un Ron Paul. Alternative libérale avait su incarner cet espoir en 2006-2008, comme Alain Madelin à son époque. Aujourd’hui, l’espoir renaît avec la vraie-fausse candidature de Frédéric Bastiat (bastiat2012.fr), portée par une génération d’étudiants qui a découvert Ron Paul et a compris où se trouvait la véritable alternative. Soutenons cette initiative, même modeste, qui mérite en France un bel avenir.
En 1848, l’économiste Frédéric Bastiat comparait la Constitution des Etats-Unis à celle de la France :
Ce qui suit est le début du préambule de la Constitution [française] : « La France s’est constituée en République [dans le] but (…) de faire parvenir tous les citoyens (…) à un degré toujours plus élevé de moralité, de lumières et de bien-être. » (…) N’est-ce pas en cédant à cette étrange illusion que nous sommes conduits à tout attendre d’une énergie qui n’est pas la nôtre ?… Les Américains ont conçu une autre idée des relations des citoyens et du gouvernement. (…) Il n’y a pas ici [dans le préambule de leur Constitution] de création chimérique, pas d’abstraction desquelles les citoyens puissent tout exiger. Ils n’attendent rien sauf d’eux-mêmes et de leur propre énergie.
A lire aussi : http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/04/12/l-antiliberalisme-le-seul-point-d-accord-entre-les-dix-candidats_1684574_3232.html
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